Qu’est ce que la désobéissance civile ?
Désobéissance civile est un terme créé par l’américain Henry David Thoreau dans son essai La Désobéissance civile, publié en 1849.
La définition de cette notion est encore aujourd’hui sujette à polémique et peut se diviser en deux courants de pensées principaux :
- Pour John Rawls : On parle de « désobéissance civile » lorsque des citoyens, mus par des motivations éthiques, transgressent délibérément, de manière publique, concertée et non violente, une loi en vigueur, pour exercer une pression visant à faire abroger ou amender ladite loi par le législateur (désobéissance civile directe) ou à faire changer une décision politique prise par le pouvoir exécutif (désobéissance civile indirecte). (Universalis.fr)
- Pour Jürgen Habermas : « La désobéissance civile inclut des actes illégaux, généralement dus à leurs auteurs collectifs, définis à la fois par leur caractère public et symbolique et par le fait d’avoir des principes, actes qui comportent en premier lieu des moyens de protestation non violents et qui appellent à la capacité de raisonner et au sens de la justice du peuple. » (Wikipedia)
La notion principale qui fait ici polémique entre ces deux courants de pensée est celle de la légalité.
Une action illégale peut-elle être reconnue comme de la désobéissance civile ?
Alors que l’on assiste impuissants à la privatisation de l’internet connu (par opposition au dark web) au profit des intérêts d’entreprises privées dont la priorité est le profit, alors même que les états, témoins silencieux et consentants forcés ou béas, en deviennent le bras armé, comment faire entendre sa voix sur internet ? Comment le peuple peut-il exercer son droit d’opposition dans le cyberespace ? Quelle est la ligne qui sépare une démarche citoyenne de la cybercriminalité ?
La virulence avec laquelle les états, les institutions et le système judiciaire punissent les actions virtuelles, quel qu’en soit le contexte (politisé, revendicatif ou non), démontre une volonté évidente de tuer toute émancipation dans l’oeuf.
Sans tomber dans la paranoïa excessive (quoique), il apparaît clair que ce qu’on l’on pourrait qualifier comme étant “l’ordre établi” fera tout ce qui est en son pouvoir pour justement le maintenir et l’étendre.
Lorsque Sarah Palin en 2010 recommandait de traquer Julian Assange “avec la même énergie que nous mettons à pourchasser Al-Qaïda et les chefs talibans”, l’ordre clairement violent de la chasse aux hackers était lancé.
Aujourd’hui, à de rares exceptions près, la justice est aveugle à reconnaître la volonté politique ou la revendication citoyenne qui peut nourrir un acte de cyberattaque.
Pourtant, en mai 2006, la Haute Cour de Francfort en Allemagne avait jugé que les attaques DDoS orchestrées contre la compagnie aérienne Lufthansa en 2001, ne violaient pas la loi et constituait une manifestation citoyenne.
Les journaux annonçaient alors que la Haute Cour régionale de Francfort annulait le verdict initial qui avait condamné le principal activiste Andreas-Thomas Vogel : « la Haute Cour a considéré que la manifestation en ligne ne constituait pas une démonstration de force mais était destinée à influencer l’opinion publique. Cette nouvelle interprétation ne permet aucune poursuite pour coercition, et l’accusé est déclaré non coupable »
Pour le contexte, la compagnie aérienne se chargeait alors, à la demande du gouvernement, des vols charters de déportation des étrangers hors du sol allemand.
Dans le livre The Coming Swarm : DDOS Actions, Hacktivism, and Civil Disobedience on the Internet, ses auteurs, Molly Sauter et Ethan Zuckerman, défendent également cette idée que les attaques DDoS devraient être reconnues comme un outil de contestation et de désobéissance civile sur internet.
Reste à en définir les contours et le contexte, car l’on ne peut évidemment trouver d’intention politique ou citoyenne dans toutes les attaques DDoS.
Ce que la Haute Cour de Francfort citée précédemment avait d’ailleurs bien cerné en reconnaissant que le collectif avait encadré ses attaques de tous les signes reconnaissables d’une manifestation : tracts, dates des actions publiées à l’avance, communiqués de presse aux médias, sit-in réel au siège de la compagnie…
Une première reconnaissance de cette nouvelle forme de désobéissance civile se dessinait et posait les jalons des critères qui pourraient un jour la définir juridiquement :
- un contexte politique/social sensible (ici la déportation des étrangers)
- une expression claire de la volonté de manifester (revendications et informations disponibles facilement pour le public et les autorités)
- des actions menées de concert dans le monde tangible et le cyberespace (attaques DDoS, sit-in, distribution de tracts)
Outre-atlantique il est clair que cette idée ne leur a même pas traversé l’esprit et qu’en basant toutes les actions en justice sur le CFAA(Computer Fraud and Abuse Act) les peines alors encourues (financières et de prison) sont démultipliées comparativement à des actions similaires dans le monde tangible, puisque les actions menées en ligne sont automatiquement requalifiées en acte criminel grave en vertu du fameux CFAA.
Tel est l’enjeu de la législation qui se met en place autour des actions légales ou illégales entreprises aujourd’hui sur internet par des internautes “anonymes” , comprendre lambda comme vous et moi.
Contrairement aux idées reçues, peu de » véritables hackers » (black hat) sont des hacktivistes, le hacking est ici plutôt un outil utilisé pour un objectif précis : attirer les médias et à travers eux l’intérêt de l’opinion publique.
Soyons honnêtes, les pétitions en ligne et les “like” de soutien ne servent pas à grand chose.
Que votre triste histoire de lutte contre le système attire la sympathie des internautes sur les réseaux sociaux ne vous sortira pas de votre misère, tout au plus vous sentirez-vous suffisamment soutenu pour continuer à vous battre.
Par contre, des attaques informatiques sur une grande compagnie privée ou un site gouvernemental tout de suite ça fait désordre et d’un coup les médias s’intéressent à la chose.
Pourtant, malgré tout ce que des individus ou des collectifs ont pu faire depuis une dizaine d’années en mettant un bon coup de pied dans le nid de guêpes cela n’a pas vraiment eu l’effet escompté, et il n’en aura sans doute pas tant que les citoyens qui pensent ne rien avoir avec tout ça ne se rendent compte qu’ils ont en fait tout à y voir.
Manque de culture internet ? passivité ? incompréhension ?
Je crois que cela vient surtout d’un manque de recul flagrant sur un plan plus large.
Qu’est ce que Wikileaks, Silk Road, Anonymous ou même LULZSEC ont en commun ?
La volonté de changer les rapports de force.
Je le fais parce que je le peux, pourrait résumer ce qui a commencé comme un projet, un rêve, un délire.
Celui de dire que le pouvoir n’a pas à être forcément là où il est.
Le cyberespace permet l’asymétrie des affrontements, un petit groupe d’individus peut s’en prendre à un état.

Sans généraliser en essayant de dépeindre tous les trublions du net comme des saints – ce serait une erreur – les vrais méchants vous n’en entendez pas parler au journal de 20H sur TF1, à peine le voile est-il soulevé lorsque de vilains “hackers” comme Anonymous ou des lanceurs d’alertes comme Edward Snowden balancent les infos sur le net ou demande ouvertement – et non sans ironie – aux médias de faire leur boulot.
Le 21ème siècle marquera l’ère de la cyberguerre et il est naïf de croire que cela ne nous concerne pas.
Internet est devenu le dernier espace où se côtoient dans un joyeux et terrifiant bordel la liberté d’expression, la propagande, la censure, le savoir, l’information, la désinformation ou encore les plus noirs aspects de l’humanité.
Et le plus grand rêve des états et des groupes privés est d’en prendre le contrôle, mais pour leurs propres intérêts.
Face à cet état de fait à qui et comment demander des comptes ?
Peut-on compter sur les médias traditionnels pour se salir les mains ? nos gouvernements pour leur transparence ?
Quand vous avez 80% des médias qui dépeignent les hacktivistes comme des adolescents perturbés qui vivent dans des caves ou des mégalo-mans pervers ça ne présage rien de bon… A peine Snowden trouve t’il grâce à leurs yeux. Même si au final cela amuse beaucoup certains de ces “ado perturbés” qui prennent plaisir à en jouer.
Evidemment il y a bien quelques journalistes ou intellectuels qui tentent de voir les choses dans leur ensemble, qui voient bien que les lois actuelles sont en train de lorgner dangereusement vers un « far west » autorisé pour les forces de l’ordre. Tous les coups sont permis puisque ce sont de dangereux criminels qui œuvrent dans les bas fonds du net où les honnêtes citoyens ne vont pas cliquer. Et ces mêmes citoyens d’applaudir à l’arrestation de ces dangereux “hackers” peu importe comment et pourquoi…
Pour preuve l’indifférence générale face aux textes de lois qui fleurissent régulièrement un peu partout dans le monde, bridant toujours un peu plus notre liberté, violant nos droits privés, censurant nos contenus.
Pourtant si l’on essaye de comprendre un peu mieux certains événements il me semble que l’on peut légitimement s’interroger sur le dangereux parti-pris des gouvernements et des sociétés privées.
Avenge Assange – Opération Payback
28/11/2010 Wikileaks rend publics – en partenariat avec cinq grands journaux internationaux – 220 des 251287 câbles diplomatiques classifiés américains dont le site disposait. C’est la fuite de documents secrets la plus massive de tous les temps.
Sans revenir sur les répercussions politiques et diplomatiques de cette fuite, ce qui n’est pas le sujet qui m’intéresse ici, penchons-nous plutôt sur la réaction du gouvernement américain et les conséquences qui en ont découlé.
Bien qu’aucun tribunal, aucune cour de justice, n’ait jugé Wikileaks coupable de quoique ce soit à ce stade, le gouvernement, par l’intermédiaire du Sénateur Joe Lieberman, demande à Amazon de bannir le site rebelle de ses serveurs (pour info Amazon est l’un des plus important hébergeur web des US), diverses sociétés qui traitent des transactions financières à l’échelle mondiale (comme Paypal ou Mastercard et Visa) suivent le mouvement et empêchent les donateurs de continuer à pouvoir soutenir wikileaks en bloquant les transactions.
Furieux, le collectif AnonOps lance début décembre 2010 – un peu par hasard au départ il faut bien le dire – une campagne d’action directe massive (comprendre DDoS majoritairement) contre Amazon, Paypal et consorts en représailles, campagne alors largement soutenue par les médias (dont le New York Times) et les internautes (enfin ceux qui suivent).
Bien trop gros Amazon sentira à peine une chatouille, mais les autres, plus accessibles, sentiront passer la tempête pendant plusieurs jours.
Comment définir ici la réaction et les actions des Anons ? Quelle est la cause qui a engendré ces cyberattaques massives ? Quel était le propos ?
C’était avant tout une réaction épidermique face à un acte de censure gratuit et à une attaque directe à la liberté d’internet.
Souvent perçu comme un lieu public, internet est un espace privé où les Amazon et autres Paypal de ce monde ont la capacité d’étouffer les débats et d’entraver le commerce.
Gabriella Coleman – au sujet de l’affaire wikileaks en 2010 pour commenter cet article de Zeynep Tufecki paru le 22/10/2010 sur TheAtlantic.com dont voici un extrait :
« Horrifying as this vision is, it simply distracts from the main lessons of the Wikileaks affair : the increasing control of (relatively) unaccountable corporations and states over the key components of the Internet, and their increased willingness to use this control in politicized ways to impose a « dissent tax » on content they find objectionable. Ability to disseminate one’s ideas on the Internet is now a sine qua non of inclusion in the global public sphere. However, the Internet is not a true public sphere ; it is a public sphere erected on private property, what I have dubbed a « quasi-public sphere, » where the property owners can sideline and constrain dissent. »
Le fait que des sociétés privées obéissent – ou prennent l’initiative – face à un gouvernement qui n’était motivé que par le fait de vouloir punir Wikileaks pour les fuites dont il était l’objet sans aucune base légale, était un affront direct à la liberté d’internet et d’expression. Ce qui fut alors largement critiqué par les médias traditionnels.
Pourtant, lorsqu’en 2011, 14 membres présumés d’Anonymous sont arrêtés dans le cadre de l’enquête ouverte directement après l’”operation payback”, peu de grands médias iront remettre en cause la justification de ces arrestations.
Ces 14 hacktivistes seront accusés de conspiration et de dommages intentionnels à un ordinateur protégé, des crimes qui peuvent les voir condamner à 15 ans de prison et 500.000,00 Dollars d’amende, puisque sous la coupe de la CFAA.
A terme, ces “criminels” plaideront majoritairement coupables afin de voir leur peine de prison réduite.
Il faut tout de même bien comprendre que lors d’une attaque par DDoS, personne ne s’introduit sur des serveurs, ne les sabote ou ne vol des données. Ces attaques ne font que bloquer l’accès à un nom de domaine. Les chefs d’accusations portés sur ces “pirates” sont sans commune mesure avec le caractère non violent des actes commis.
Silk Road
Octobre 2013 le FBI ferme Silk Road, un site internet mettant en relation vendeur et acheteur de biens et services illégaux sur le darknet, le bon coin version dark, libre de tout contrôle privé ou gouvernemental.
Principalement connu pour être le plus gros site de vente de substances stupéfiantes, Silk Road a divisé et divise encore l’opinion publique.
Sur le papier et pour la grande majorité des personnes ayant suivi un peu les événements c’était un endroit sombre où les pires criminels œuvraient à la perte de l’humanité. Pour d’autres c’était un autre modèle, un système basé sur une vision différente de l’économie telle qu’elle devrait être, libérée des carcans régulateurs et des intérêts corporatifs, mais surtout, un moyen de lutter contre la violence de la guerre de la drogue.
En retirant vendeur et acheteur des rues, Silk Road voulait offrir un endroit sécurisé et égalitaire. Un système de “review” ou notation des vendeurs et des produits permettait l’écrémage rapide des individus peu sérieux garantissant la sécurité des transactions et la qualité des substances.
Les administrateurs du site se réservaient seulement un droit de censure sur les biens vendus ou échangés (comme les biens volés ou la pédopornographie) et la branche dédiée à la vente d’arme fermera rapidement ses portes par manque d’intérêts des internautes fréquentant le site.
Le but ici n’est pas de vouloir dépeindre Silk Road comme le monde des bisounours et des arc-en-ciels, cela restait un site de vente de drogue ou de services de piratage en tout genre, mais plutôt d’y voir une alternative viable à un phénomène incontrôlable qui engendre l’une des guerres internationales les plus meurtrières de la grande criminalité et engraisse des institutions pourtant impuissantes depuis des années.
Le créateur présumé de Silk Road, Ross Ulbricht, fut traité comme le nouvel escobar et son procès, comme la campagne de diffamation qui le précéda, furent une vaste blague. Il purge aujourd’hui une peine de prison à perpétuité pour avoir été reconnu coupable de 7 chefs d’accusation dont blanchiment d’argent, trafic de stupéfiants, entreprise criminelle et piratage informatique.
Le procureur fédéral de Manhattan, Preet Bharara a déclaré après la décision du jury : « L’arrestation et la condamnation de Ross Ulbricht, et notre saisie de millions de dollars de bitcoins, doivent envoyer un message clair à quiconque essaie d’opérer une entreprise criminelle en ligne. »
Pourtant, beaucoup de questions demeurent suite à la fermeture du site et à l’arrestation de son “cerveau” présumé, questions touchant notamment au “comment” le FBI a réussi à trouver les serveurs physiques du site, trouvaille qui a elle seule a permis l’arrestation. Toutes les explications révélées à ce jour relevant au mieux du douteux au pire pour certains à une violation directe du 4ème amendement de la Constitution des Etats Unis :
Le droit des citoyens d’être garantis dans leurs personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu’il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir.
Extrait Constitution Américaine
Le FBI n’a en effet jamais produit les éléments justifiant légalement ses actes ni n’a été invité à le faire par le juge lors du procès de Ross Ulbricht littéralement torché en 4 jours.
Se réapproprier le Cyberespace
Le but n’est pas ici de défendre les cyberattaques ou les initiatives controversées comme Silk Road en leur retirant tout caractère illégal, mais de se poser la simple question des rapports de force et de la disproportion avec laquelle le système broie littéralement cette jeunesse qu’il juge pourtant d’un autre côté dépolitisée et indifférente.

Parce que cela se passe “en ligne” tous les coups sont-ils permis et la moindre volonté de sortir du rang doit-elle être réprimée avec la plus grande violence pour donner l’exemple ?
De nombreux collectifs ou hackers “black hats” méprisent les attaques par DDoS ou contestent simplement qu’elles puissent défendre la liberté d’expression puisqu’elles empêchent littéralement la victime de s’exprimer.
Mais cette logique est-elle vraiment toujours applicable en ligne ? Les célèbres attaques portées contre Sony, Paypal ou l’Eglise de Scientologie ont-elles réellement privées lesdites victimes de leur liberté d’expression ?
Comme le souligne d’ailleurs Gabriella Coleman dans son livre « Anonymous » :
“Une conception plus dynamique de la liberté d’expression devrait tenir compte des rapports de pouvoir. Parce qu’elle permet à des opprimés de s’exprimer aussi fort que leurs opposants mieux nantis, l’attaque par saturation peut être considérée comme un outil de nivellement, un moyen de faire progresser la liberté d’expression. Cette dernière, selon moi, doit donc être analysée dans son contexte, en fonction des rapports de force.”
Il est tout de même important de souligner que la vieille Europe se montre de manière générale plus clémente que les États-Unis sur ce sujet, refusant par exemple de considérer outre mesure les soit disant dommages financiers subis par les sociétés victimes d’attaque par saturation. En conséquence les peines de prison mais surtout les amendes se montrent bien souvent beaucoup plus en rapport avec les “crimes “ commis. Outre Atlantique les chanceux qui écopent de peines de prison relativement clémentes sont toutefois souvent enchaînés à vie par les amendes astronomiques qu’ils sont condamnés à payer.
L’un des exemples les plus marquant pour toute une génération restera sans doute celui de Aaron Swartz, arrêté en 2011 à l’âge de 25 ans pour avoir téléchargé des articles scientifiques de la base de donnée JSTOR accessible aux membres du réseau du MIT. Il faisait face à une peine de 35 ans de prison et 1 million de dollars d’amende pour avoir simplement caché son ordinateur dans un placard du campus et l’avoir branché directement sur le réseau afin de télécharger des articles qu’il n’a d’ailleurs jamais repartagé.
Poussé à bout par la pression judiciaire il se suicidera en janvier 2013.
Le fait qu’Aaron Swartz soit l’un des grands défenseur de la liberté numérique et de la culture libre a t’il fait de lui une cible ? Un exemple pour ceux qui osait défier l’ordre établi ? Beaucoup le pensent.
On réalise d’autant mieux l’acharnement judiciaire lorsqu’on sait que le JSTOR avait abandonné les poursuites contre lui dès le mois de juin 2011 et avait même demandé au gouvernement l’arrêt des poursuites, considérant qu’on ne pouvait parler de millions de dollars de préjudice pour des articles académiques.
Il est, je pense, important de comprendre les enjeux qui se jouent lorsque nous laissons les institutions gouvernementales dicter les lois en se basant sur la peur, sur notre peur de l’inconnu, sur de mauvaises informations et sur un manque de recul.
Une répression féroce parce qu’elle est exercée en ligne ou sur des actes qui se sont déroulés en ligne n’en est pas moins une censure ou une injustice qui doit être jugée comme tel.
A trop vouloir aseptiser le web et “protéger” les intérêts privés, nos instances gouvernementales rongent petit à petit toute émancipation et apparition d’une contre-culture nécessaire à l’évolution de toute société.
La pensée unique, le politiquement correct ou les quotas sont un poison qui annihile l’individu et nous enferme dans une bulle déprimante où l’on répète encore et encore les mêmes erreurs et les mêmes changements stériles.
Anonymous, Wikileaks, Edward Snowden, Phineas Fisher, Chelsea Manning, Lulzsec, Antisec, AnonOps, Dread Robert Pirate…. Tous ces collectifs, tous ces individus sont un seul et même message qui apparaît sous des formes différentes : internet doit rester libre, les citoyens doivent se réapproprier l’espace public et tout le monde doit un jour rendre des comptes.
A la lecture de ce – long – texte je m’aperçois qu’il reste encore mille chose à dire, du point de vue juridique déjà, que ce soit aux Etats Unis ou en Europe, mais aussi du point de vue éthique ou social.
Loin de définir ces nouveaux hacktivistes ou lanceurs d’alerte comme des chevaliers blancs qui défendent la veuve et l’orphelin – ce qui serait bien trop réducteur et naïf – il n’en reste pas moins fondamental de comprendre le rôle essentiel qu’ils jouent aujourd’hui dans l’éveil des consciences et la repolitisation de la jeunesse.
Il est essentiel pour le législateur d’en percevoir la portée afin de créer un droit juste, un cadre légal, qui donne à ces nouvelles formes de désobéissance civile un statut qui leur permettra d’exprimer pleinement la volonté du peuple sur internet.
Et il est essentiel pour les citoyens de se réapproprier ce nouvel espace avant qu’il ne devienne totalement privé et inaccessible.
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