Dans cet article je vais essayer d’expliquer ce qu’est la cryptomonnaie et à quoi elle sert. Comprendre ce qu’est la crypto-monnaie qui ne se résume pas au bitcoin – comment elle fonctionne, quel est son statut légal aujourd’hui et les enjeux financiers et sociaux qu’elle incarne – est bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Crypto-monnaie ou les enjeux d’un contre-pouvoir
Le concept de crypto-monnaie (variantes : cryptomonnaie) n’est pas nouveau (concept de 1998 et lancement du bitcoin, première crypto-monnaie, en 2009), mais ce qui est plus récent, c’est l’engouement pour ces monnaies alternatives favorisé par l’essor de la blockchain et la perte de confiance dans les institutions bancaires et financières traditionnelles.
Avec la valeur du bitcoin qui fait régulièrement la Une des journaux ou le statut juridique des monnaies électroniques qui donnent des sueurs froides aux gouvernements, le fait est qu’il est devenu impossible aujourd’hui d’ignorer le nombre croissant de nouvelles crypto-monnaies et d’utilisateurs et la croisade anti-monnaie électronique lancée par les banques traditionnelles, qui craignent de se voir souffler le monopole des transactions financières.
Ce qu’il faut garder en mémoire pour en comprendre le concept, c’est que la monnaie électronique a d’abord et avant tout été pensée comme un contre-pouvoir, un outils de liberté, face à l’oligarchie capitaliste.
La crypto-monnaie n’est ni créée, ni gérée, ni contrôlée par un quelconque organisme étatique ou même privé, elle repose exclusivement sur un réseau informatique pair à pair ou décentralisée basé sur les principes de la cryptographie pour valider les transactions et émettre la monnaie elle-même.
Seules les informations personnelles du possesseur de la crypto-monnaie peuvent permettre son accès et son utilisation, qui seront alors régis par un réseau de type blocs, anonyme et automatisé.
En clair, toutes les transactions en crypto-monnaie échappent actuellement au contrôle de l’Etat et des banques, qui ne peuvent donc pas se servir au passage, ou connaître précisément qui sont les utilisateurs de la monnaie échangée (simples adresses ou anonymat complet selon la monnaie utilisée) ou même à quoi sert la transaction.
Pas étonnant alors que ce soit le moyen de paiement favori des pirates, cybercriminels ou des hackers.
Pointée du doigt comme l’une des raisons de l’expansion de la cybercriminalité, la crypto-monnaie est sous le feu de la rampe, pour le pire comme pour le meilleur. Un bilan s’impose.
La crypto-monnaie est-elle dangereuse ?
En tant que telle, la crypto-monnaie n’a rien de dangereux. Sa liberté d’existence en dehors des règles financières traditionnelles ( = banques centrales, banques traditionnelles et marchés financiers) fait toutefois qu’elle présente certains inconvénients qui ont de quoi refroidir les moins téméraires :
- Elle peut se montrer très volatile : en l’absence de banque centrale pour contrôler son cours, celui-ci peut changer du jour au lendemain, même si un programme se charge de réguler la création de la monnaie pour maintenir une certaine “rareté” et éviter ainsi un effondrement .
- Si les transactions sont très sécurisées, les portes-monnaies virtuels et les plateformes d’échanges le sont beaucoup moins. En l’absence de banque il faut bien mettre vos « crypto-sous » quelques part, soit dans des “wallets” (alias porte-monnaie virtuel) prévus à cet effet et hébergés par des plateformes. Mais c’est à vous de faire en sorte de sécuriser vos wallets et à personne d’autre (mots de passe, codes, clefs de cryptage…). Aucune plateforme ne prendra en charge la responsabilité d’un hack de compte.
- Il n’existe aucun recours en cas de transaction foireuse ou de piratage. Une transaction de crypto-monnaie est irréversible, sauf accord du bénéficiaire de ladite transaction.
- Risques liés aux plateformes d’échanges, potentiellement piratables ou qui peuvent disparaître du jour au lendemain (exemple MtGox).
- On ne peut pas acheter grand chose aujourd’hui en crypto-monnaie en terme de commerce traditionnel, les supermarchés ou votre boulanger n’acceptant pas encore les bitcoins, litcoins ou autres trucs en “coins”…
Forcément vu comme cela le bitcoin perd un peu de sa superbe et l’on peut légitimement se dire que ça n’a pas l’air d’en valoir la peine.
Pour autant, imaginez un instant une monnaie virtuelle mondiale, égalitaire entre les nations, qui ne serait pas soumise aux contrôles ou aux manipulations d’organismes privés ou publiques mais aux lois intransigeantes du cryptage et de la puissance de calcul d’une chaîne citoyenne ?
Si la crypto-monnaie est aujourd’hui si peu encourageante c’est avant tout parce qu’elle n’a pas encore franchi les frontières de l’internet pour entrer dans notre vie réelle, avec ce que cela impliquerait d’auto-régulation et de sécurisation.
Cela provoquerait évidemment une révolution complète de nos modèles économiques et de nos marchés financiers, mais est-on si sûr que ce serait en mal ?
- Elle est valable partout dans le monde auprès des commerçants qui choisissent de l’accepter
- Elle est très sécurisée : La crypto-monnaie ne peut pas être contrefaite ou usurpée. Le protocole de chiffrement est aussi conçu pour être très résistant contre une liste impressionnante d’attaques informatiques, incluant les attaques par déni de service distribué.
- Transparence : toutes les transactions sont publiques mais les propriétaires et les destinataires de ces transactions sont des adresses ( l’anonymat est garanti selon la monnaie utilisée (darkcoin, zerocoin…))
- Elle conserve sa valeur face à des monnaies victimes d’inflation
- Elle se passe d’intermédiaires, ce qui signifie des frais de transaction pratiquement nuls, pas de « vacances et jours fériés », ou de frais annexes (sauf ceux des plateformes d’échanges soumis à la libre concurrence)
- Elle se passe des Etats
- Transferts rapides de quelques secondes à quelques minutes par rapport aux virements bancaires (quelques heures à quelques jours).
- Transferts possibles à l’échelle mondiale indépendamment du pays.
- Absence de plafond et de minima dans les transferts.
Pourquoi la crypto-monnaie fait-elle peur ?
La cyber-criminalité
Avec la multiplication des ransomware (alias “rançon-logiciel”), tous les spécialistes de la cyber-défense ou de la cyber-criminalité s’entendent pour dire que la crypto-monnaie de type “Bitcoin” (la plus connue) est l’un des facteurs d’accélération et de favorisation de la cyber-extorsion. Est-ce pour autant la réalité ?
S’il serait bien trop facile de pointer du doigt la crypto-monnaie comme raison de l’existence de ces pratiques, il est par contre juste d’en faire ressortir le côté “facilitateur” : avec l’anonymat des transactions effectuées il est évident qu’il devient beaucoup plus difficile de traquer les responsables via l’aspect financier, lesquels s’assurent ainsi une transaction quasi-intraçable.
Toutefois, avec ou sans crypto-monnaie, il est évident que les attaques de ce genre auraient un jour ou l’autre vu le jour sur internet, suite logique de l’informatisation massive de tous les aspects de notre société.
Pirater une entreprise et prendre en otage ses données contre rançon est un moyen bien plus pratique et rapide de faire du profit, plutôt que d’exploiter ou revendre lesdites données sur le marché noir.
Si l’on reste réaliste, le fait est que même sans les bitcoins la cybercriminalité existerait de la même façon et que les pirates se feraient payer en dollars ou en euros sur des comptes domiciliés dans un quelconque paradis fiscal.
Méconnaissance et absence de contrôle
Pour le commun des mortels, la crypto-monnaie est un concept cryptique, flou, difficile à comprendre, et à cela s’ajoute le fait qu’il n’existe aucun organisme officiel connu ou reconnu pour la gérer, l’expliquer ou encore la contrôler. Et nous ne sommes pas culturellement habitués et préparés à ce genre de concept.
Si demain en France par exemple, BNP PARIBAS, SOCIETE GENERALE ou n’importe quelle autre banque reconnue, ouvrait une succursale de crypto-monnaie ou installait des distributeurs de bitcoins, la population serait rassurée et pourrait commencer à intégrer l’idée qu’une monnaie virtuelle coexiste avec leur monnaie traditionnelle.
Mais aujourd’hui les banques traditionnelles craignent la crypto-monnaie autant qu’elles la convoitent. Tout simplement parce qu’elles n’auraient aucun moyen de contrôler ce nouveau marché virtuel si prometteur à exploiter…
Bien sûr on peut nous enrober tout cela avec l’idée rassurante que c’est pour le bien de la population et que les banques ont raison de vouloir annihiler la crypto-monnaie telle qu’elle existe aujourd’hui car elle est trop “dangereuse”, mais au final la seule et unique raison c’est l’absence de contrôle entre les mains des mêmes qui régulent et tiennent aujourd’hui notre monnaie traditionnelle et les marchés financiers.
Après tout, aucun système monétaire n’est parfait et je peux me faire pirater ma carte bancaire et ses euros autant que je pourrais me faire pirater mon wallet de bitcoins, et l’on ne peut pas dire que nos traders ne jouent pas déjà avec le feu en spéculant sur les matières premières au risque de plonger des pays entiers dans la crise ou avec le récent souvenir des subprimes pas encore totalement épongé…
Moi je dis que tout cela sent quand même l’hypocrisie à plein nez.
C’est quoi le crypto-minage ?
Je l’évoquais plus haut en parlant de “la puissance de calcul d’une chaîne citoyenne”.
La crypto-monnaie est basée sur un système de blockchain, celui-là même qui la rend aussi sécurisée.
Pour vulgariser un peu tout cela, imaginez que la gestion de la crypto-monnaie est un problème mathématique géant qui nécessite de la puissance de calcul pour être résolu.
Lorsque vous crypto-minez, vous mettez en fait à disposition de la blockchain la puissance de votre ordinateur afin de résoudre les calculs nécessaires à la création d’un bloc (un bloc = un bitcoin par exemple). Un algorithme rémunère ensuite le mineur pour sa participation avec un pourcentage ou un montant fixe (selon le modèle de récompense choisi PPLNS ou PPS) sur la création de ce bloc. Plus votre participation est importante en terme de puissance de calcul, plus la rémunération sera intéressante avec le modèle PPLNS par exemple.
Aux débuts du Bitcoin, exemple emblématique, les problèmes mathématiques que les “mineurs” devaient résoudre étaient relativement simples. Un ordinateur de bureau suffisait à réaliser des opérations et à procurer des revenus à son propriétaire. Mais, au fur et à mesure que le réseau s’est mis à grandir et les bitcoins à se multiplier, les problèmes mathématiques sont devenus de plus en plus complexes, ceci afin de maintenir le cours du bitcoin.
En gros, plus il y a de crypto-mineurs, plus la puissance demandée pour résoudre un bloc sera importante et donc la rémunération proportionnellement accordée faible.
La blockchain de la crypto-monnaie est ainsi l’équivalent une chaîne où chacun participe en fonction de ses capacités et est rémunéré en fonction de son apport au reste de la chaîne, sans injustice ni oubli puisque tout est automatisé et géré par des algorithmes extrêmement sécurisés, sans intervention humaine.
Toutefois, si les premiers crypto-mineurs de bitcoins ont pu faire des profits substantiels facilement, prendre le train en marche aujourd’hui se révèle logiquement beaucoup moins profitable.
Pour miner du bitcoin il faut du matériel spécialisé et ne pas avoir peur de voir flamber sa facture d’électricité. A éviter avec un PC classique, puisque le ratio entre la rémunération du crypto-minage et l’augmentation de votre consommation d’énergie vous fera au final perdre de l’argent.
Bonne nouvelle toutefois si vous souhaitez vous frotter un peu au crypto-minage par curiosité, envie de comprendre ou d’arrondir vos fins d’années, il existe aujourd’hui un nombre croissant de crypto-monnaies différentes qui permettent de miner sans avoir à investir forcément des milliers d’euros dans du matériel spécialisé (Monero, Aeon, fantomcoin…) car leur valeur actuelle, bien inférieure à l’étalon bitcoin, fait qu’elles nécessitent une puissance de calcul également inférieure pour générer un bloc. Le ratio investissement/dépense énergétique est donc beaucoup plus intéressant.
Vous pouvez aussi choisir de rejoindre une pool, équivalent d’un groupement d’internautes, qui mettent leur puissance en commun pour obtenir de meilleurs scores et une rémunération plus rapide et intéressante qu’ils se partagent ensuite entre eux.
Débuter dans le crypto-minage n’a en soi rien de bien sorcier puisqu’il existe aujourd’hui une multitude de plateformes différentes et facilement accessibles (crypto-minage classique avec son pc, cloud mining, mining sur smartphone…). Je vous conseille toutefois de bien vous renseigner avant d’en choisir une et de surtout sécuriser vos codes d’accès au maximum, que ce soit pour accéder à la plateforme de minage ou à votre wallet. Et si vous faites fortune, le mieux est d’avoir plusieurs wallet sur différentes plateformes pour la même monnaie ou encore de garder votre crypto-monnaie au chaud sur un ordinateur non relié à internet.
Inviolable l’algorithme du Bitcoin ?
Si l’on reste honnête avec la vision que l’on a aujourd’hui du net, rien n’est inviolable, alors voici une anecdote pour illustrer tout cela :
En février 2017, les chercheurs en sécurité de CWI ont réalisé avec Google la première attaque de collision réelle contre la fonction de hachage SHA1.
Pour vous situer le truc, il s’agit de l’un des plus grand calcul jamais réalisé :
- Neuf quintillions (9,223,372,036,854,775,808) de calculs SHA1 au total,
- 6 500 ans de calcul CPU pour terminer l’attaque de la première phase,
- 110 ans de calcul GPU pour compléter la deuxième phase.
On imagine déjà la puissance de feu des loustics et leur niveau. Ce n’est donc pas non plus à la portée du premier rebelle venu.
Le protocole utilisé par bitcoin est le SHA256, une version beaucoup plus robuste de ce fameux SHA1.
Même si une attaque d’envergure sur le SHA256 n’est pas impossible et pourrait compromettre l’ensemble de la chaîne, l’un des porte-paroles des créateurs de la crypto-monnaie bitcoin, Satoshi Nakamoto, conclut :
« Si SHA-256 est totalement compromis, je pense que nous pourrions arriver à un accord sur l’état de la Blockchain authentique avant que le problème ne survienne et de verrouiller cet état avec une nouvelle fonction de hachage. Si la vulnérabilité de la fonction de hachage est survenue progressivement, nous pourrions passer à une nouvelle fonction de manière ordonnée. Dans ce cas, le logiciel serait programmé pour commencer à utiliser celle-ci après un certain numéro de bloc et tout le monde devrait se mettre à niveau à ce moment-là. Le logiciel pourrait enregistrer le nouveau hash de tous les anciens blocs pour s’assurer qu’un bloc avec l’ancien hash ne puisse être utilisé. »
Pas impossible mais peu probable au final de parvenir à compromettre le protocole Bitcoin à moins d’avoir les moyens et ressources de mettre en place une attaque massive, extrêmement ciblée et rapide, qui empêcherait les gardes-fous de la contrecarrer.
Nous pouvons donc difficilement aujourd’hui imaginer ce genre d’attaque sans l’appui d’organisations gouvernementales ou privées d’envergures…
Et puis dans le principe quel serait l’intérêt pour des pirates de compromettre le protocole de leur moyen de paiement favori ? Pour la gloire ou le profit ? Certes sur le coup ils pourraient voler des sommes importantes, mais que vaudraient ces sommes dans les heures ou même les minutes qui suivraient l’attaque ? Si le protocole tombe, nous pouvons logiquement en déduire que la monnaie s’effondrera automatiquement derrière jusqu’à ne plus rien valoir sur le marché – question de confiance (certaines choses ne changent pas) – et les procédures de change ne se font pas en 5 minutes.
Le statut légal des crypto-monnaies aujourd’hui ?
De par leur nature, les crypto-monnaies échappent à toute possibilité de régulation, néanmoins cela n’empêche pas les autorités concernées de les surveiller, principalement sur deux axes plutôt logiques :
- contrôler la légalité des biens ou des services achetés grâce aux crypto-monnaies et ainsi éviter les achats illégaux (drogue…).
- surveiller la conversion en devises légales et ainsi détecter le blanchiment d’argent d’origine criminelle.
Toutefois, leur statut juridique varie considérablement selon les états et certaines peuvent être interdites dans certains ou tolérés dans d’autres ou ne pas avoir de statut juridique du tout.
Quid du droit français
La crypto-monnaie n’a aucun statut juridique en France, au contraire de la monnaie virtuelle qui elle est définie par l’article L 315-1 du Code Monétaire et Financier Modifié par la LOI n°2013-100 du 28 janvier 2013 – art. 5 :
I.-La monnaie électronique est une valeur monétaire qui est stockée sous une forme électronique, y compris magnétique, représentant une créance sur l’émetteur, qui est émise contre la remise de fonds aux fins d’opérations de paiement définies à l’article L. 133-3 et qui est acceptée par une personne physique ou morale autre que l’émetteur de monnaie électronique.
II.-Les unités de monnaie électronique sont dites unités de valeur, chacune constituant une créance incorporée dans un titre.
Le seul document officiel de réflexion connu à ce jour en France sur la crypto-monnaie est un rapport de Juin 2014 dénommé “L’ENCADREMENT DES MONNAIES VIRTUELLES – Recommandations visant à prévenir leurs usages à des fins frauduleuses ou de blanchiment.” et dressé par TRACFIN.
Du point de vue fiscal l’on ne tarda toutefois pas à se positionner :
XXIX. Acquisition de bitcoins en vue de leur revente
Le bitcoin est une unité de compte virtuelle qui peut être valorisée et utilisée comme outil spéculatif. Par conséquent, conformément aux dispositions de l’article L. 110-1 du code de commerce qui répute acte de commerce toute acquisition de biens meubles aux fins de les revendre, l’achat-revente de bitcoins exercée à titre habituel et pour son propre compte constitue une activité commerciale par nature dont les revenus sont à déclarer dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) en application de l’article 34 du CGI. En revanche, les produits tirés de cette activité à titre occasionnel sont des revenus relevant des prévisions de l’article 92 du CGI (BOI-BNC-CHAMP-10-10-20-40 au XXIX § 1080).
Exemple :
Un contribuable, membre actif d’une coopérative de « mineurs », acquiert du matériel informatique spécialisé dans les opérations nécessaires au « minage » de bitcoins. Grâce à cette installation dédiée, il collecte de manière régulière des bitcoins attribués gratuitement à raison des blocs de transactions en bitcoins auxquels il a contribué à la validation et cède les bitcoins ainsi acquis sur des places de marchés en ligne en fonction du cours du jour. Le résultat imposable tiré de cette activité est déterminé conformément aux règles de droit commun applicables aux bénéfices industriels et commerciaux, étant précisé que la valeur d’acquisition retenue pour le calcul du résultat imposable est nulle lorsque les bitcoins ont été attribués gratuitement.
Au niveau de l’Europe
Dans un arrêt de principe du 22 octobre 2015, la Cour de Justice Européenne déclare que I) les prestations d’échanges de bitcoins contre une devise traditionnelle sont une activité de prestation de services et II) ces opérations sont exonérées de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ce qui amène certains à penser que le bitcoin, au moins dans l’Union européenne, prend la route d’être reconnu comme une monnaie.
Cette décision est un véritable soulagement pour toutes les sociétés qui travaillent dans le domaine du bitcoin en Europe. En effet, la soumission du bitcoin à la TVA aurait augmenté considérablement les coûts des transferts, faisant perdre ainsi au bitcoin l’un de ses principaux avantages – ses faibles coûts de change – et aurait même pu conduire à la fermeture d’entreprises du secteur.
Dans une Union européenne où les 28 Etats membres divergent concernant l’appréhension réglementaire du bitcoin, cette décision est un premier pas conséquent vers une harmonisation en faveur du bitcoin.
A voir si l’administration MACRON voudra se positionner sur cette épineuse question que nos voisins allemands ont déjà tranché depuis 2013 avec la reconnaissance officielle du bitcoin, accompagnée d’une taxation à 25 % des gains issus de la vente calquée sur le principe de la plus-value immobilière + encore la TVA.
Clairement de quoi tuer dans l’oeuf une éventuelle volonté d’officialisation de ses transactions en bitcoin …
Et de manière générale
Du côté des USA, bien que le statut juridique du bitcoin ne soit toujours pas défini, son utilisation est totalement tolérée puisqu’il existe même des distributeurs un peu partout dans le pays. Du point de vue fiscal, le bitcoin est traité comme un bien immatériel, par opposition au dollar, soumis à l’impôt sur les gains en capital.
Du côté de la Russie par exemple c’est l’inverse, avec une orientation qui tend nettement vers l’interdiction totale des crypto-monnaies.
Enfin, du point de vue des institutions bancaires les avis divergent également :
Certaines banques centrales (BCE, Banque de France, Banque de Chine) ont lancé des mises en garde sur l’usage du bitcoin insistant sur son caractère hautement spéculatif, sur les risques juridiques qu’il engendre du fait de son statut de monnaie non régulée et sur son utilisation possible à des fins criminelles (blanchiment, financement du terrorisme).
L’Autorité bancaire européenne (ABE) a également émis une mise en garde en décembre 2013 contre le manque de protection du consommateur par l’utilisation du moyen de paiement qu’est le bitcoin.
Toutefois, d’autres institutions tiennent un discours plus nuancé, voire opposé. Ainsi, les gouvernements allemand et américain considèrent cette monnaie avec une certaine bienveillance et Ben Bernanke, ex-président de la FED, qualifiait même le bitcoin de monnaie qui a du « potentiel »
Les crypto-monnaies sont-elles l’avenir ?
A ce stade, difficile de voir dans bitcoin et consorts l’avenir de la monnaie.
Question de culture, d’habitude, de confiance ou encore de soutien des organisations traditionnelles, gouvernementales ou privées pour que celles-ci dépassent le cadre relativement intime qu’elle occupent actuellement.
Pourtant, même si le bitcoin ne devient pas la monnaie mondiale de demain, il semble logique avec l’évolution de nos moyens de communication et de consommation d’imaginer que dans le futur la monnaie virtuelle dominera.
Toutefois, ne sera t-elle qu’une copie virtuelle de ce que nous connaissons déjà et potentiellement attachée à un pays ou y aura t-il émergence d’une crypto-monnaie officielle mondiale ou encore d’une crypto-monnaie neutre et mondiale ?
Verrons-nous la coexistence d’une monnaie virtuelle officielle contrôlée par le marché et les banques – à l’image de la vision ultra-fliquée de Blythe Masters – avec une autre créée et gérée par un algorithme sans intervention humaine ?
Dans le principe la crypto-monnaie est l’essence même d’un moyen de paiement neutre et égalitaire qui ne pourrait être affecté par les manipulations financières que nous connaissons aujourd’hui.
Cela bien sûr à condition que le système repose sur une blockchain globale neutre et sécurisée, et non pas sur des protocoles privés et modifiables par un seul groupe d’individus.
Or aujourd’hui les banques cherchent à utiliser la blockchain non pas pour développer une monnaie parallèle hors banque comme le bitcoin, mais bien au contraire afin d’organiser la traçabilité mondiale de chaque transaction et d’éviter toute fuite possible hors du système financier.
Personnellement je trouve cela plus flippant que le bitcoin.
Enfin, concernant le plus gros point noir actuel de la crypto-monnaie qui est sa volatilité, au final, celle-ci n’est basée que sur 3 facteurs clefs :
- le nombre de pièces est limité face à une demande qui croît (21 millions de bitcoins maximum seront créés, la date prévue pour le dernier bloc étant 2040),
- Le cours évolue au gré de l’actualité sur les crypto-monnaies (statut juridique flou, craintes, lobby bancaire)
- La crypto-monnaie est flottante comme n’importe quelle devise et fluctue différemment face à différentes devises.
L’usage à l’échelle mondiale d’une seule et unique crypto-monnaie verrait significativement réduire voir disparaître les risques d’instabilité du cours, puisque la crypto-monnaie n’aurait pas à fluctuer face à d’autres devises, aurait un statut juridique stable et pourrait très bien être créée sans ou avec d’autres limitations d’émission.
Les seules questions restantes étant :
- A quel étalon indexer cette unique crypto-monnaie (l’or peut être ?)
- L’éventuel problème de la multiplication des crypto-monnaies, puisque n’importe qui peut en créer une. Toutefois à l’instar du bitcoin qui est devenu naturellement l’étalon de toutes les crypto-monnaies actuelle, la coexistence de différentes monnaies dont la valeur serait finalement régulée par un étalon reconnu à l’échelle mondiale pourrait-il fonctionner sans remettre en question la volatilité du cours de l’étalon ?
- Et enfin, se pose également la question de la cybercriminalité qui privilégiera sans doute toujours les crypto-monnaies non-officielles.. Mais n’est-ce pas déjà le cas alors même que le dollars règne en maître ?
Dans tous les cas, j’imagine que voilà encore l’un des défis de ce siècle et que la crypto-monnaie n’a pas fini de faire parler d’elle dans une période où la population s’interroge de plus en plus sur le bien fondé de son système économique et politique…
Le sujet HOT à suivre de près.
Et vous qu’en pensez-vous ? Pensez-vous qu’une monnaie virtuelle représente l’avenir ? Doit-elle être contrôlée par les banques et les marchés financiers ? par les Etats ? Ou uniquement par une blockchain mondiale ?
Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International.